Brut, la ruée vers l’or noir

brutVous connaissez Fort Mc Murray, au Canada ? Non ? Et bien quand vous aurez terminé la lecture de mon billet, ou du livre, vous n’aurez sûrement pas envie de vous y rendre…

Nancy Huston, Melina Laboucan-Massimo, Naomi Klein, David Dufresne et Rudy Wiebe ont co-écrit cet ouvrage, absolument terrifiant. Et malgré le sujet très grave, j’ai eu un coup de coeur pour ce livre. Je vais essayer de ne pas trop m’étendre, mais ce n’est pas facile avec un pareil sujet.

Dans le nord-est du Canada, le pétrole lourd et le bitume reposent sous des sables qualifiés de bitumineux. L’exploitation de ce pétrole se pratique depuis une vingtaine d’années, pulvérisant tout au passage : la vie des gens, des bêtes et des arbres. Toute la nature est polluée, transformée, défigurée. La principale ville d’où partent des camions ressemblant à des wagons se nomme Fort Mc Murray, sorte d’Eldorado où vivent et transitent des milliers de personnes en quête d’une fortune rapide. C’est dans cette ville que les auteurs, une romancière, une activiste, un réalisateur de documentaire, un poète et une journaliste ont décidé de croiser et confronter leurs points de vue. Chacun et chacune apportent son témoignage. Leurs récits sont apocalyptiques. J’insère ici une photo pour donner une idée du gigantisme des chantiers car je peine à me les représenter, tout est hors-normes.

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La ville de Fort McMurray regorge de centres commerciaux alors que la pauvreté augmente lentement mais sûrement. Et que dire des impacts environnementaux de ce type d’extraction ? Tout devient stérile face aux énormes quantités de saloperies chimiques déversées depuis 20 ans. Tous les animaux fuient, les rivières se meurent, les forêts sont rasées… Mais la plupart des habitants de l’Alberta semblent tout de même satisfaits : l’essentiel n’est-il pas de brasser de l’argent, même si on n’a pas le temps d’en profiter, faute de conserver une bonne santé ? Les éternels perdants sont les autochtones la faune et la flore.

Quant aux compagnies pétrolières, ce type de ville est une aubaine : on achète la conscience des élus locaux à grands renforts de constructions de salles de sport, de piscines, etc. Ils ont plus de mal à financer des bibliothèques ou des centres culturels, mais bon, on n’en sera pas étonné.

Un récit qui glace le sang parce que ces immenses zones de non-droit où tout se meurt pourraient très bien devenir notre futur proche (moi et mon syndrome Mad Max, que voulez-vous…). Heureusement qu’en France, des collectifs citoyens se battent contre l’exploitation du gaz de schiste. Mais ce n’est pas une raison pour détourner le regard de ce qui se passe à l’autre bout du monde…

Catégories : Lire pour agir | 8 Commentaires

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8 réflexions sur “Brut, la ruée vers l’or noir

  1. cecile83

    Bonjour. J’ai lu ce livre et je partage ton avis. Ce qui me fait encore plus froid dans le dos personnellement, c’est le fait qu’avec la chute du prix du pétrole, ce pétrole n’est plus rentable à produire (et cela ne l’a jamais vraiment été). L’extraction est pour l’instant suspendue en Alberta. Ils ont détruit tout un écosystème, juste pour cela ! Ce n’est même pas que cela me fait froid dans le dos, je trouve cela ridicule et scandaleux.

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    • C’est malheureusement comme ça que les élus et décideurs fonctionnent partout dans le monde, y compris en France. On détruit pour un projet qui parait « juteux » pour s’apercevoir, parfois très rapidement, que ah ben non, finalement, ça n’en valait pas la peine !! mais le mal est fait, et personne n’a un grain de bon sens quand le fric est en jeu. C’est lamentable…

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  2. Billet très intéressant. J’ai regardé le début du reportage, je vais continuer tout à l’heure : c’est effrayant car la majorité des gens est très satisfaite de l’état des choses…

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    • L’argent est la seule chose qui fait avancer la majorité des gens. Quand j’entends parler d’un projet écolo ou solidaire où des gens prônent le troc, l’échange, je me demande toujours si je ne rêve pas !! C’est possible aussi que ce doit une question de culture les nord-américains n’envisagent pas la vie de la même façon qu’un européen, même s’il y a de nombreuses exceptions de part et d’autre…

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  3. keisha41

    J’étais déjà convaincue, tu penses, mais quelle photo!

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    • ça me rappelle la première fois que j’ai vu les sommets des montagnes, dans les Appalaches, être dynamités pour qu’on puisse extraire du charbon ! Effarant !

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  4. Loraillou

    Encore un triste exemple de la bêtise humaine dans cette course folle au pillage des sols… révoltant !

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