Les 3 Mousquetaires, énième adaptation

Je n’ai peut-être pas eu l’occasion de le dire sur ce blog mais je suis une fan inconditionnelle de l’oeuvre d’Alexandre Dumas – même si certaines oeuvres sont dispensables. Je place au-dessus de tout, Les trois mousquetaires bien sûr, la Dame de Montsoreau et le Comte de Monte-Christo. Joseph Balsamo est excellent, de même que Les compagnons de Jéhu, le recueil Les mille et un fantômes ou encore Les crimes célèbres, Les frères Corses et bien d’autres.

Il y a eu, je crois l’avoir lu quelque part, 38 adaptations ciné, des Trois mousquetaires, sans compter les adaptations au théâtre, les pastiches et hommages, etc.

En passant, l’un de mes meilleurs souvenirs fut la pièce de Marcel Maréchal que j’ai eu le bonheur de voir 3 fois à Paris en 1999.

Mais revenons à nos moutons, j’ai donc visionné tout récemment le film de Jérôme Bourboulon, 1er d’une trilogie, sobrement intitulé d’Artagnan. L’idée d’une adaptation enfin française me plaisait bien, et puis le casting était plus que prometteur. J’aime beaucoup Vincent Cassel en particulier et j’apprécie aussi les autres acteurs qui incarnent les compagnons d’Athos. J’aurais dû fort logiquement passer un excellent moment… et ce ne fut pas vraiment le cas.

Je passe sur les petites trahisons et libertés prises par le réalisateur (des complots qui ne figurent pas dans le roman, une Mme Bonacieux célibataire…) pour m’attarder sur quelques points assez gênants. D’abord, c’est un film un peu morne et sans panache, à l’image de ce pauvre Athos incarné par un Vincent Casse pas très inspiré (mais pourquoi lui avoir donné cette allure défraîchie ??). Les duels sont assez mollassons, on a l’impression que les acteurs ne sont pas très à l’aise avec une rapière (pas assez d’entrainement ?), et pire, l’esprit de camaraderie qui est le coeur du roman est à peine palpable. Je vois 4 hommes qui font équipe, oui, mais rien de plus. Et si Milady tire un peu son épingle du jeu (Eva Green, convaincante), le cardinal de Richelieu est une ombre qui aurait mérité d’être étoffée. La bonne surprise c’est Louis Garrel, formidable en roi à la fois hésitant et autoritaire.

J’attendais mieux je l’avoue. J’espérais un vrai grand film de cape et d’épée avec de l’émotion, de l’humour, des duels, du panache… Je vais donc aller me consoler en regardant, une fois de plus, le très bon Zorro avec Antonio Banderas… et relire le roman !

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Le loup, un nouveau défi français (ouvrage collectif sous la coordination d’Hervé Boyac)

Voilà un gros coup de coeur pour un magnifique ouvrage paru en 2017 qui retrace tout l’historique  du loup depuis son retour naturel en France dans les années 1990. Alors ce n’est pas le premier livre consacré au loup, certes, mais son approche est plus militante et originale, puisque les auteurs balaient aussi tous les problèmes liés au retour de canis lupus mais aussi les bénéfices de sa présence.

Le début de l’ouvrage est consacré à la situation du loup dans le monde, et à sa biologie, mais la plus grande partie du livre est consacré aux relations entre les hommes et les loups : mythologie, folklore, chasse, pastoralisme, « gestion » du loup par le gouvernement, intérêt de sa protection, je ne crois pas que les auteurs aient oublié de mentionner un aspect de la cohabitation avec l’animal !

Si on prend un peu de recul à la lecture et que l’on déroule les chapitres à la manière d’une toile qu’on , on se rend compte de la logique des adversaires du loup et de la vie sauvage. Car l’acharnement dont le prédateur est aujourd’hui l’objet est purement lié à une question de point de vue : celui des éleveurs et chasseurs.

C’est un sujet brûlant, c’est un sujet tabou mais regardons les choses en face : sans la présence des animaux domestiques en des lieux parfois reculés, y compris dans des zones naturelles, et sans l’omniprésence des chasseurs, eux aussi autorisés à pratiquer leur loisir mortifère jusque sur les sites protégés, le loup n’aurait pas à craindre une nouvelle vague d’éradication, comme celle qui se profile à l’horizon.

Car au fond, nous sommes tous responsables de cette situation. Nous voulons une faune sauvage, livre et préserver mais nous ne voulons modifier nos habitudes alimentaires, ni renoncer à nous déplacer en voiture individuelle, ni abandonner tous les signes d’une vie confortable et aisée pour la plupart d’entre nous. Donc, nous construisons, nous urbanisons, nous rasons des forêts, et ensuite, quelle place reste-il pour nos grands prédateurs ?

Les médias sont tout aussi coupables, qui prennent plaisir à souffler sur les braises, quant à l’Etat, il nous habitué depuis longtemps à céder aux lobbies du monde agricole et de la chasse, aux dépens de l’intérêt général.

Je ne peux que conseiller ce bel ouvrage, l’un des plus complets que j’ai pu lire à ce jour et qui est une mine d’information sur l’histoire politique du loup en France.

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Western star de Craig Johnson

Toujours partante pour faire un bout de chemin avec le shérif Longmire, cet opus fut en conséquence dévoré en moins de 2 jours.

Cette enquête du passé, plus originale que les précédentes, vient troubler le présent de Walt Longmire et jeter une ombre menaçante sur son futur proche. C’est l’occasion de découvrir un peu de la jeunesse de notre héros. En effet, le jeune Walt, sous les ordres de son mentor, Lucian Connolly – déjà irascible -, est à l’heure des choix lorsqu’une enquête singulière requiert toute son attention. Est-ce un hasard si au début de l’histoire, notre jeune adjoint est en train de lire un Agatha Christie ? Sûrement pas. Walt s’apprête en effet à embarquer à bord d’un train à vapeur, le Western star, en compagnie des éminents membres de l’association des shérifs du Wyoming, tous armés jusqu’aux dents et tous adeptes de diverses boissons alcoolisées. Longmire devra donc prouver sa valeur (et accessoirement sauver sa peau) en tâchant de dénouer les fils de ce qui pourrait être un complot. Dans ce train transformé en scène de crime, chacun est un coupable en puissance.

Mais Craig Johnson ne se contente pas de nous promener dans le passé de son héros, il continue à tisser patiemment la toile qui se resserre inexorablement autour du shérif depuis sa première et fatale rencontre avec le tueur Bidarte. Le roman se termine évidemment sur un suspense insoutenable !

Comme toujours avec Craig Johnson, on apprend quelques petites choses, dont l’histoire de l’âge d’or des trains à vapeur.

GWR 4-6-0 No. 4003 ‘Lode Star’ – 1992.

Une enquête de très bonne facture, où l’on se prend à espérer que les fantômes qui accompagnent Walt Longmire seront prêts à quitter le camp des morts pour lui donner un petit coup de pouce.

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Noir toscan (Anna Luisa Pignatelli)

Ah la Toscane, ses parfums et ses paysages lumineux qui incitent à la dolce vita… Et bien, oubliez cette carte postale, car avec Anna Luisa Pignatelli, c’est un plongeon dans la noirceur de l’âme humaine que le roman garantit. Le héros de cette sombre histoire porte bien mal son nom, Noir, car s’il y a bien un seul être capable d’irradier de la bonté et de la chaleur, c’est lui. Autour de lui, une nature âpre, délivrée de la présence humaine, ce bout de terre désolée que le jeunes fuient pour les mirages de la ville. Dans ce désert d’Accona, ne restent que deux catégories d’êtres humains, les solitaires, un brin misanthropes, quelque peu exclus, en quête d’un peu d’amitié et de solidarité, et les autres, les sauvages, dont la vie est si rude, si archaïque, qu’ils semblent n’avoir d’autres choix que de libérer leurs bas instincts. Et devinez qui trinque ? La nature. Les animaux, les arbres.

Alors, je le dis sans détour, ce fut une lecture fort déprimante. Si le texte est beau, le personnage de Noir si digne de compassion, le roman est aussi un constat plus qu’amer sur la cruauté de nature humaine. On se jalouse pour un morceau de terre, on met à l’écart « l’étranger » (en résumé, celui qui habite à plus de 10 km de ton patelin !), et puis surtout, on tue. On massacre, on piège, on mutile, tout ce qui porte plumes ou poils;
Imaginez l’atmosphère quand une louve en quête de territoire débarque dans cette contrée inhospitalière !
Pour Noir, du côté du faible, du papillon, du lièvre et des oliviers, le combat est perdu d’avance. Et cela, on le devine déjà au tiers du récit. Ce n’est pas tant la conclusion tragique qui est importante que la peinture glaçante d’une communauté d’hommes se vautrant dans la bassesse, la haine, et la violence, repliée sur elle-même. Bref, ce genre de voisinage qui empoisonne la vie des gens simples et bons, qui aspirent à une vie en harmonie avec la nature. C’est en tout cas le pari réussi de l’auteure, celui d’avoir donné envie de protéger cette nature parfois si fragile, et sans laquelle, comme je le répète à l’envi, nous ne serions absolument rien.

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Sangliers : Géographies d’un animal politique

Auteur : Raphael Mathevet

Voilà un essai absolument passionnant sur une espèce fort commune, dont on dit qu’elle est surpopulation, mais qui, paradoxalement, est méconnue du grand public. De l’image du sanglier, on garde des idées reçues, une réputation de « bête noire » dangereuse ou de destructeur de récoltes. Pour la plupart d’entre nous, le sanglier est aussi la bête que l’on redoute de croiser sur une route, anticipant le fracas de la tôle emboutie par un bolide à quatre pattes qui traverse en aveugle obstiné les grands axes routiers. Mais pour qui prend le temps d’observer l’animal, dans la patience d’un affût ou la chance d’une rencontre inopinée, on découvre une tout autre créature.
Les auteurs passent en revue toutes les situations où l’homme est confronté à l’animal, c’est à dire essentiellement liées aux pratiques agricoles et cynégétiques, et redonnent sa place à une espèce qui a aussi son rôle à tenir notamment au sein de l’écosystème forestier. Le sanglier ne se résume pas à une calamité ou un trophée, il a sa propre vie, il sait profiter de son milieu, communiquer avec ses congénères, veiller sur ses petits, il est opportuniste, intelligent, et pour peu qu’on ne le menace pas, il est capable de cohabiter en paix avec les humains.
Mais c’est aussi un animal qualifié de nuisible, traqué, pour chassé et abattu en tous lieux et en tous temps. Il se rapproche stratégiquement des villes et des bourgs où il sait qu’il bénéficiera d’une relative tranquillité. Le sanglier est devenu chair à canon, et je trouve cela extrêmement navrant, et même tragique. Dans cet essai, on y découvre donc l’historique des relations hommes-sangliers et la façon dont nous sommes parvenus aujourd’hui à cette situation inextricablement liée aux enjeux politiques. J’en profite aussi pour saluer les auteurs qui ont pris le parti de se glisser dans la peau d’un sanglier le temps de quelques très courts chapitres, et qui sont émouvants et passionnants. Une lecture que je recommande chaudement, cela va sans dire.

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Nature et climat

3 lectures plutôt récentes, alors c’est parti !

Mauvaises graines de Katia Astafieff

J’ai passé un excellent moment avec ce livre qui fourmille d’anecdotes sur… les méchants végétaux qui nous entourent ! On ne croirait pas qu’une simple promenade bucolique, dans un décor paradisiaque, puisse tourner au cauchemar, et pourtant ! Une touriste anglaise eut le malheur de croquer à pleines dents dans un beau fruit appétissant tombé sous un arbre, au bord d’une plage. Erreur fatale, le fruit semblable à une pomme lui occasionna de sévères brûlures et un début d’oedème ! Ce bel arbre, le mancenillier, est en fait surnommé l’arbre de la mort ! Voilà en guise d’apéritif un exemple des redoutables tueurs du monde végétal, décrits avec beaucoup d’humour par la directrice adjointe des jardins botaniques du Grand Nancy.
Les moins dangereuses de toutes ces plantes, sont des arbres ou arbustes allergènes, communs dans nos contrées, et qui paraissent finalement bien inoffensives face au piment Bhut Jolokia capable de perforer l’oesophage, ou encore aux berces du Caucase qui est photosensibilisante.
Les plantes possèdent des pouvoirs étonnants et rivalisent d’ingéniosité pour survivre. Certaines d’entres elles ont atteint des sommets de popularité grâce à l’usage que nous en faisons : la coca, le tabac, ou la canne à sucre !
J’ai également apprécié le propos de l’auteure car au-delà des exemples de plantes toxiques ou néfastes pour notre santé, ce livre traite aussi des plantes exotiques envahissantes, comme la Renouée du Japon et qui donnent à réfléchir sur les conséquences de nos actions et de nos modes de vie. Conclusion, aucune plante n’est réellement méchante bien sûr, et les dommages qui résultent de rencontres fortuites avec certains de ces végétaux révèlent surtout l’ignorance abyssale qui caractérise désormais nos sociétés et la perte de savoirs anciens. Ces atteintes répétées à la biodiversité provoqueront la disparition inéluctable de certaines espèces dont nous ne connaitront jamais les propriétés…

Ma vie avec les arbres de Karine Marsilly

Un récit et témoignage fort instructifs qui m’auront permis de mieux connaître le métier d’élagueur et de découvrir que cette activité peut donc être pratiquée par des professionnels qui ont une éthique ! On ne s’alarme ou s’indigne bien souvent que pour des arbres abattus mais que dire des arbres que je qualifierai volontairement de « défigurés » ? Et c’est une femme qui nous fait entrer dans ce monde fascinant, ce monde des arbres qui semblent communiquer avec des humains capables de les écouter. Car l’élagage est un art qui consiste à aider un arbre à vivre avec une infirmité, un déséquilibre qui autrement le condamnerait à une bonne coupe rase. Ce récit se veut aussi un manuel du bon usage des arbres pour des propriétaires souvent bien prompts à condamner un de ces géants inesthétique, vieux ou fragilisé par une tempête. Karine Marsilly est, je le crois bien volontiers, une professionnelle respectée dans un monde essentiellement masculin, et qui met sa sensibilité et son intelligence au service de la biodiversité, ce qui est fort louable. Chaque essence d’arbres a ses caractéristiques et ne réagira pas de la même façon à un élagage, chaque ramure est différente, chaque écorce a sa particularité. C’est tout à fait passionnant.
En conclusion, préférer la scie japonaise à la tronçonneuse est un gage de respect pour les arbres et donc, un critère important si vous voulez faire appel à un élagueur.

Impact d’Olivier Norek

N’étant pas une très grande fan de polars (à quelques rares exceptions près), je pense que je n’aurai jamais ouvert un Norek sans ce roman, que ma mère m’a fortement conseillé (merci maman :-))) Bien évidemment, le thème central du roman figure parmi les sujets de société qui m’intéresse le plus, et la volonté de l’auteur de mettre en lumière un des nombreux désastres écologiques qui nous menace, a emporté mon adhésion.
Il n’est pas le premier à choisir un sujet d’écologie mais sa manière de présenter la nécessité du radicalisme en cette matière m’a séduite. Je ne cache pas que, malgré mon statut de quinqua, j’ai subi (et je subis encore un peu) les conséquences de ce qu’on appelle l’éco-anxiété. Un mal qui ne touche pas que la jeunesse et qui m’a heurtée de plein fouet sur la question climatique. Il m’a donc été facile de comprendre les motivations du héros, Virgil Solal, qui devient justicier plus par nécessité que par conviction personnelle. Au début du moins.
Le point fort du roman est de rassembler suffisamment de matière pour que le lecteur comprenne le degré d’urgence auquel nous sommes confrontés. Pour celui ou celle qui aura envie d’aller plus loin, les rapports du GIEC sont là ainsi que la triste réalité de notre actualité. Entre épisodes climatiques extrêmes et la guerre pour s’accaparer les ressources (à commencer par l’eau), on comprend bien que le temps des discours, des rapports, des études et des palabres en tous genres est révolu. On n’a plus le temps et on n’a plus le choix. On pourra reprocher tout à un tas de choses à Impact, mais il a le mérite de susciter le débat sur les moyens d’agir envers et contre tous, quand les gouvernements (dans l’ombre des multinationales) ont tout intérêt ralentir et freiner les actions visant à la décroissance et la sobriété.
On le dit et on le répète partout : certes, la planète va souffrir ainsi que toutes les autres créatures qui n’auront pas le temps de s’adapter. Les pertes et les sacrifices seront lourds et il n’y aura pas de retour en arrière. Mais au-delà de cette effrayante perspective, il y a aussi la question de notre survie, à nous les humains. Et c’est le seul reproche que je ferai à Olivier Norek, sa fin, aussi rassurante et porteuse d’espoir qu’elle soit, me semble extrêmement improbable et farfelue.
Alors, que ferons-nous ? Faudra-t-il des Virgil Solal pour nous tirer de notre torpeur ? et jusqu’au faudra-t-il aller ?

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Quelques lectures animales…

Etonnants lapins de Pierre Rigaux

Le lapin de garenne est un hôte plus ou moins familier de nos campagnes; Le connait-on pour autant ? Pas sûr. Le livre de Pierre Rigaux est donc intéressant à plus d’un titre. D’abord pour nous faire découvrir le mode de vie et la biologie du lapin, de l’utilité de ses oreilles à la vitesse à laquelle il peut courir en passant par l’éventail de ses prédateurs, dont le plus cruel et le plus redoutable : l’humain. Si la première moitié de l’ouvrage est consacrée au lapin dans la nature, la seconde est relative à l’élevage et à la chasse, une réalité de la vie d’un lapin que l’on saurait occulter. Des clapiers familiaux aux élevages industriels, il n’y a qu’un pas vite franchi, et nos charmants petits lapins vivent un enfer durant leur courte vie pour garnir nos assiettes. Enfin, pas la mienne, mais probablement la vôtre. Vous y apprendrez également le sort des lapins angora, guère plus enviable, et celui des Orylag, race créée par l’INRA (et oui…) pour produire un pelage doux et dense et servira à fabriquer des manteaux de luxe. Que toutes ces petites bêtes souffrent le martyre pour l’élégance de quelques humains n’intéresse pas grand-monde. Et je ne parle pas de l’utilisation des lapins dans les laboratoires pour des expériences diverses et variées mais toujours douloureuses. Le livre se termine sur l’expansion du lapin et ses conséquences dans la nature. Car enfin, l’être humain ne s’est pas contenté de modifier génétiquement les lapins, de les exploiter, il a fait aussi beaucoup d’erreurs stratégiques le conduisant à considérer les lapins comme un fléau en certaines parties du monde. L’exemple le plus célèbre de lutte contre la prolifération des lapins est en Australie, clôture et introduction de maladies ont été des réponses complètement inadéquates. Mais rassurons-nous, les chasseurs sont là pour endiguer l’expansion du lapin dans la nature ! Mais alors, pourquoi le lapin est-il aussi élevé pour la chasse ? Avouez que vous y perdez aussi votre latin, non ? Merci donc à l’auteur d’avoir soulevé un coin du voile et de faire réfléchir les lecteurs sur le sort peu enviable d’une petite bête pourtant bien sympathique.

Jasper’s story de Jill Robinson

Jill Robinson est cette femme extraordinaire qui a fondé l’association Animal Asia après avoir découvert le trafic de la bile d’ours en Asie. Le déclic fut une « rencontre » avec un ours captif en 1993, de l’espèce des ours à collier, les moon bears en anglais, à qui elle promit de se consacrer à la libération des ours détenus dans des conditions horribles dans ces fermes de l’enfer. Pas de traduction française pour ce beau livre destiné aux enfants, mais des textes courts et surtout de superbes illustrations signées Gijsbert van Frankenhuyzen. A ce jour, l’association a pu sauver 400 ours en Chine et au Vietnam qui après avoir connu l’enfer goûtent aujourd’hui une existence paisible dans différents sanctuaires malgré des handicaps très sévères pour certains. C’est un peu le livre de l’espoir symbolisé par l’ours Jasper qui est devenu un ambassadeur pour ses congénères. plus d’informations ici : http://www.animalsasiafrance.fr/

Saving sun bears de Sarah Pye

Enfin, j’en terminerai avec un autre livre en anglais consacré aux ours malais et à leur protecteur, le Dr Wong Siew Te. Ce biologiste a fondé le Borneo Sun Bear Conservation Center à Bornéo qui réhabilite les ours trouvés ou confiés par les autorités du pays. Ces ours sont chassés pour leur bile et leurs pattes (on en fait de la soupe) et les petits sont prisés comme animaux de compagnie tant ils ont de mignonnes petites bouilles. Traumatisés par la perte de leur mère souvent tuée sous leurs yeux, ces oursons finissent encagés chez des particuliers, mal nourris et privés de leur vie d’ours libre. J’ai eu la chance de rencontrer virtuellement Wong Siew Te à plusieurs reprises, c’est un homme d’une grande intelligence, bardé de diplômes et de distinctions honorifiques, humble et d’une grande sensibilité envers toute vie animale. Un grand monsieur ! Ce livre écrit par une auteure australienne qui a, elle aussi, été impressionnée par le dévouement de ce biologiste, et retrace aussi bien son parcours personnel que ses aventures pour créer ce sanctuaire et participer ainsi à la sauvegarde des ours malais. Plus d’informations sur son centre de recherches ici : https://www.bsbcc.org.my/

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Adieu Luis Sepulveda

Comme il est ironique et douloureux de penser qu’un virus, très certainement né de nos mauvais penchants, de notre mépris sans bornes pour toutes les autres créatures vivantes, de nos saccages répétés de la Nature, est la cause du décès d’un écrivain si sensible au sort des animaux et de la nature.

Adieu M. Sepulveda…

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le chat et la mouette

mapuche    le monde du bout du monde

 

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Le prestige de Christopher Priest

Are you watching closely ?

 

A la fin du 19ème siècle à Londres, deux magiciens, Rupert Angier et Alfred Borden, se livrent à un terrible duel. Leur rivalité nait d’un accident, un terrible malentendu et au fil des années, les deux hommes n’auront d’autre but que de se nuire mutuellement. Dévorés par l’ambition et l’orgueil, les deux magiciens s’efforcent d’accéder au sommet de leur art en créant des tours de plus en plus élaborés, de plus en plus surprenants et originaux. le monde des magiciens est empli de dissimulations, de secrets, qui se répercutent également dans leur vie privée. La haine obsessionnelle qui unit les deux illusionnistes les conduit à des actes de plus en plus graves, jusqu’à commettre l’irréparable…
J’ai d’abord découvert le formidable film de Christopher Nolan.
La structure du film se cale sur les différentes étapes d’un tour de magie : the pledge, the turn et the prestige. le lien entre les deux hommes est assuré par le personnage de Michaël Caine, qui officie à la fois comme témoin et arbitre. le scientifique Tesla est interprété par un David Bowie étonnant, son assistant lui, est incarné par un Andy Serkis très sobre et très juste. Nolan a préféré supprimé la partie contemporaine du roman, à savoir la rencontre entre les descendants, de nos jours, pour se concentrer uniquement sur les deux magiciens. Ce n’est pas plus mal, car l’histoire de cette rivalité se suffit à elle-même. Cela a amené le réalisateur, forcément, à modifier la fin de l’histoire. Et j’avoue que je préfère la fin du film plutôt que celle du roman.
Le spectateur ou lecteur se retrouve forcément berné, à naviguer ainsi entre doubles, faux-semblants, apparitions et faux décès… Tout n’est qu’illusion, tout est histoire de perspective. Les deux magiciens (remarquablement interprétés par Hugh Jackman et Christian Bale) sont tenaillés par le même désir, celui de régner en maître dans le monde de la magie. Pour atteindre le but suprême, ils n’hésitent pas à sacrifier ceux qu’ils aiment et à perdre leur propre intégrité, c’est le cas d’Angier surtout. C’est en cela que leur rivalité est si poignante.
Le roman quant à lui est un récit à quatre voix. L’arrière-petit-fils de Borden est un journaliste enquêtant sur les phénomènes paranormaux (le tout début du roman est d’ailleurs un clin d’oeil à tout ce qui relie les personnages) et qui va rencontrer Kate Angier, l’arrière-petite-fille de Rupert, détentrice d’un lourd secret. le roman se partage ensuite entre deux journaux intimes, celui d’Alfred et celui de Rupert, si bien que nous avons les mêmes événements perçus et donc rapportés par deux personnes différentes. Chacun des deux magiciens est de bonne foi, aucun des deux n’est un homme foncièrement mauvais, voilà pourquoi il est bien difficile de prendre parti. D’ailleurs, on est loin d’avoir toutes les explications, les deux magiciens jaloux de leurs secrets, ne se dévoilent pas entièrement dans leurs journaux. Mais la pirouette de fin m’a passablement dérangée. Je trouve qu’elle ne colle pas avec le reste de l’histoire par ailleurs formidable. La fin du film me semble plus logique, si on peut parler de logique avec un tel sujet…
La fin du livre occasionne quelques sueurs froides, une conclusion digne d’un roman d’épouvante, alors que je préfère la tristesse qui émane des dernières images du film, renforcée par la très belle chanson de Thom Yorke qui accompagne le générique final, et pour laquelle j’ai complètement craqué.
Néanmoins, le roman absolument incroyable figure désormais parmi mes préférés.

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La Passe-miroir : la tempête des échos de Christelle Dabos

Que dire sur l’ultime épisode qui clôt une saga qui aura emporté mon imagination et m’aura offert un coup de coeur littéraire incontestable depuis Les fiancés de l’hiver et ma première rencontre avec Thorn, Ophélie, Archibald et Bérénilde. De cette excellente série, je retiens la découverte d’un mode riche, coloré et incroyablement poétique qui a eu le pouvoir de me transporter hors de ma vie quotidienne le temps d’une lecture. C’est donc avec autant d’impatience que d’appréhension que j’attendais la sortie de cet ultime volet, bouquet final d’un joli feu d’artifice créé par une jeune auteure entrée sans préambule dans la cour des grands. Hélas, mes attentes étaient sans doutes trop grandes et ma déception fut réelle avec le 4ème tome, même si je l’ai aimé en grande partie et que certaines trouvailles sont réellement bluffantes.

Sans remettre en cause le talent de Christelle Dabos et la puissance de son imagination, je regrette profondément certains choix et parti-pris qui ont suscité lors de ma lecture des moments d’ennui et un sentiment de frustration, je l’avoue. Enfin, l’intrigue se dénoue et le lecteur finit par comprendre le lien entre les échos, l’effondrement des arches, Eulalie Dilleux et l’Autre qu’Ophélie et Thorn poursuivent depuis l’Arche de Babel, le 3ème tome. Ce dénouement m’a paru incroyablement confus et tiré par les cheveux, il m’a semblé en fait que Christelle Dabos a complexifié son intrigue à outrance, donnant assez brusquement une dimension philosophico-religieuse disproportionnée aux aventures de notre Liseuse. Qui plus est, l’arche de Babel est le monde que j’ai le moins préféré de toute la saga, et m’y retrouver à nouveau coincée dans ce dernier tome ne m’a pas enthousiasmée plus que ça.

Pire encore, j’ai été affreusement déçue du sort réservé à des personnages auxquels je m’étais attachée et qui sont juste survolés, voire abandonnés dans ce livre : je pense évidemment à Archibald (comme je regrette son rôle de faire-valoir…), Bérénilde, la tante Roseline, Gaëlle et Renard. Cantonnés aux seconds rôles, certains vont connaître une fin tragique, d’autres ne seront qu’effleurés pour servir l’intrigue. Et que dire que de la petite Victoire, dont la place aurait pu être centrale, à la personnalité intrigante et au potentiel plus qu’intéressant ? Et bien pas grand-chose justement, car elle demeure largement inexploitée elle aussi.

Enfin, j’en terminerai avec nos deux drôles d’amoureux, Ophélie et Thorn. Là encore, la fin (et sans vouloir rien dévoiler) est une cruelle déception. Oui, je sais, c’est la mode une fin ouverte, le lecteur imagine ce qu’il veut… Moi je dis que c’est procédé pour auteur timide ou paresseux. Ou bien est-ce rebutant à ce point les happy end ? trop convenus , trop faciles ? Mais moi je les aime les happy end, je les veux ! Bref, aucune satisfaction de ce côté là non plus, je confesse donc que La tempête des échos fut, à mon grand regret, une lecture globalement plutôt laborieuse.

J’ai une pensée pour Christelle Dabos tout de même, je sais bien que chaque lectrice ou presque avait en tête sa fin idéale. J’imagine aussi la pression de l’éditeur aussi bien que des lecteurs pour clore en beauté une saga qui s’est très bien vendue. Et en même temps, j’imagine bien que l’auteure a dû ou su résister à la tentation de faire plaisir à tout le monde, en écrivant son livre, celui qu’elle voulait créer, pas celui dont ses lecteurs rêvaient. Cela ne doit pas être évident de concilier tous ces désirs. Voilà, cela ne m’empêchera pas de suivre son travail, l’après Passe-miroir, car elle mérite largement de figurer parmi les valeurs sûres de la fantasy.

 

Catégories : Tout droit jusqu'au matin | 3 Commentaires

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