L’arbre qui cache la forêt

La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben

Si je devais choisir trois gros coups de coeur cette année, ce serait Feral de George Monbiot, Un an dans la vie d’une forêt de David Haskell et cet ouvrage. Je vous promet que vous ne regarderez plus jamais les arbres de la même façon après cette lecture !

Au fil des chapitres, et des années, ce forestier hors du commun exprime et restitue à la perfection les connaissances et secrets de la nature qui ont changé le regard qu’il portait sur la forêt.

« j’en savais à peu près autant sur la vie secrète des arbres qu’un boucher sur la vie affective des animaux »
Comme pour beaucoup de professionnels de ce secteur, la forêt n’est perçue qu’en terme de rentabilité. Les gros arbres sont les plus intéressants à couper, les vieux arbres, inutiles et dangereux, sont impitoyablement éliminés, les sous-bois sont « nettoyés » des branches tombées et du bois mort, les pistes élargies pour permettre le passage des engins… bref, une vision peu encourageante de la forêt, à peine compensée ici et là par des actions préconisées par l’ONF et les propriétaires privés.

Et pourtant, à lire les propos et constations de Wohlleben, on se dit que couper des arbres ou pire, déboiser des pans entiers de forêt, ne sont ni plus ni moins que des crimes ! D’ailleurs, j’ai pensé tout au long de ma lecture aux Ents de Tolkien ou encore à ce poème de Ronsard, Ode à la forêt de Gastine.

Comment ça, j’exagère ? Savez-vous que la bonne santé d’un écosystème forestier ne dépend pas seulement de la façon dont les arbres s’entraident, mais repose aussi sur un échange de bons procédés avec d’autres organismes comme les champignons ? Que les arbres développent un certain nombre de parades pour résister aux insectes ravageurs, aux maladies ? Que le hêtre est le véritable roi de la forêt et non le chêne ?

Mais pourquoi les arbres ont-ils un comportement social, pourquoi partagent-ils leur nourriture avec des congénères et entretiennent-ils ainsi leurs concurrents ? Pour les mêmes raisons que dans les sociétés humaines : à plusieurs la vie est plus facile ? Un arbre n’est pas une forêt, il ne peut à lui seul créer des conditions climatiques équilibrées, il est livré sans défense au vent et à la pluie. A plusieurs, en revanche, les arbres forment un écosystème qui modère les températures extrêmes, emmagasine de grande quantité d’eau et augmente l’humidité atmosphérique…Pour maintenir cet idéal, la communauté doit à tous prix perdurer.

Vous découvrirez, entre autres choses passionnantes, que les arbres communiquent grâce à leur impressionnant réseau racinaire, et qu’ils sont capable d’élaborer ensemble des stratégies de défenses contre des  ennemis communs. Je pourrais vous raconter mille anecdotes mais ce serait vous priver du plaisir de découvrir la vie intime d’une forêt, racontée avec rigueur, humour et poésie, par un homme exceptionnel.

Ce forestier est  pour moi exceptionnel car il a accepté de remettre en cause ses convictions, d’accepter son ignorance et d’ouvrir les yeux sur un monde insoupçonné. Je crois que c’est ce que je vais retenir de cette lecture : que nous ne sommes rien sans la nature, que la forêt n’a pas besoin de nous pour vivre et s’épanouir, que nous sommes aveugles et que nous ne comprenons rien au monde qui nous entoure. Mais quelques uns d’entre nous sont touchés, par la grâce ou je ne sais quoi d’autre, et ceux-là, qui acceptent de partager leurs découvertes et connaissances, nous permettent d’accéder, un tout petit peu, à une certaine sagesse. Voilà, beaucoup d’émotions à la fin de cette lecture, et comme l’exemplaire que j’ai acheté mentionne déjà 650 000 exemplaires vendus, je me dis que l’auteur a réussi son pari !

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Connaître, comprendre et protéger la forêt de Léon Mathot

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Au sein du catalogue de l’Institut pour le développement forestier, vous allez trouver beaucoup d’ouvrages techniques destinés aux forestiers et fatalement peu compréhensibles pour l’amoureux des forêts, l’accent étant toujours mis sur la production de bois. Mais dans ce catalogue spécialisé, on trouve aussi des ouvrages très accessibles et davantage tournés vers l’écologie, comme celui que je vous présente aujourd’hui.

Une petite anecdote pour commencer : fin janvier, j’animais un débat sur le retour de la nature sauvage, dans une bibliothèque, et la discussion a porté logiquement sur la forêt, à un moment de l’animation. Je me suis aperçue de la méconnaissance flagrante des gens sur le sujet. Au mieux la forêt est un élément du paysage, mais attention, ce milieu « fermé » ne doit pas être trop présent, au pire, c’est un réservoir à bêtes sauvages qui va provoquer la disparition de la prairie, du bocage et… de l’homme ! Ah oui, carrément. On devine bien sous les propos un peu outranciers la vieille peur ancestrale de la forêt.

Donc, disais-je, je me rend compte de l’ignorance abyssale de monsieur et madame tout le monde sur l’écologie de la forêt. Inutile de rentrer dans un débat sur l’éducation et les programmes scolaires, on peut, fort heureusement, et à tout âge, combler cette lacune pour peu que l’on en ait envie.

En 168 pages, l’auteur fait le tour des connaissances actuelles sur la forêt, et rappelle les innombrables services rendus par l’écosystème forestier : il nous procure du bois pour nous chauffer mais assure aussi une bonne qualité de l’eau, de l’air, joue un rôle de rempart contre le dérèglement climatique, protèges les sols de l’érosion, abrite un grand nombre d’espèces animales et végétales. Enfin, ce n’est pas mentionné mais je le rappelle, la forêt nourrit notre imaginaire…

A l’aide de schémas et de dessins, Léon Mathot explique le fonctionnement des arbres, le rôle des insectes ou des champignons, démontrent les interactions entre espèces, de manière claire et simple. Il se pique même d’égratigner les pratiques de chasse !

Un bon ouvrage, très accessible, que je conseille absolument, et qui peut même être très utile aux étudiants.

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Baobabs de Thomas Pakenham

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Il existe beaucoup d’arbres singuliers, autant par leur forme que par leurs caractéristiques, et je crois que le baobab en l’un des représentants les plus originaux et remarquables. Conquis lui aussi, depuis fort longtemps, Thomas Pakenham a consacré une intéressante monographie à ce géant menacé. Il retrace l’histoire du baobab, multiplie les anecdotes et évoque les contes qui lui sont dédiés. L’approche scientifique n’est pas oubliée pour autant, même si elle est sommaire. Le récit est passionnant car l’auteur est passionné.

On le trouve en Afrique, en Australie et à Madagascar, lieu de la célèbre Allée des baobabs à Morondava. Cette allée n’est rien d’autre, en fait, qu’un pauvre vestige dune immense forêt.
Lorsqu’on regarde les photos de l’auteur, on comprend sans peine sa fascination pour « l’arbre à l’envers » comme le baobab est surnommé. Sa taille gigantesque, ses formes étranges et biscornues suscitent la fascination. Certes, il n’est pas majestueux comme peuvent l’être certains arbres, mais comme le souligne l’auteur, il compense en ayant le sens de l’humour !
Le baobab a cette particularité de pouvoir faire pousser une nouvelle couche d’écorce lorsque celle-ci lui est enlevée. De plus, Si vous aviez l’idée saugrenue de renverser un baobab, ce que font souvent aussi les éléphants en Afrique du sud, un nouveau tronc plein de vigueur s’élancera à sa place. Cela mérite le respect, non ?

Baobabs

A noter : Pour Pascal Danthu (CIRAD), le baobab malgache fait partie des espèces menacées. « Sur les six espèces endémiques de Madagascar, trois sont en liste rouge à cause du changement climatique, qui tend à réduire leur aire de répartition, et de la déforestation. »

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Le paysage de la forêt (William Gilpin)

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Joël Cornuault, qui est aussi auteur, éditeur et libraire à Vichy, est le traducteur de cet ouvrage. C’est la maison d’éditions Premières Pierres qui a eu la bonne idée de publier des extraits de cet essai qui comportait en réalité 2 volumes. Le même homme a également traduit d’autres naturalistes comme John Burroughs, et a permis de redécouvrir Elisée Reclus, toujours aux éditions Premières Pierres. Je ne peux que me réjouir de ces initiatives, et espérer que d’autres titres enrichiront leur catalogue.

Quant à ce texte, voici ce qu’en dit – en partie – l’éditeur : »Voilà le sujet du Paysage de la forêt, paru en 1791 et dont aucun chapitre n’avait encore été traduit en français. Son auteur, l’Anglais (1724-1804), était à la fois peintre, voyageur et théoricien de l’esthétique. Surtout, il fut l’un des premiers Européens à reconnaître aux formes irrégulières et noueuses de la nature, tout comme aux paysages accidentés, une beauté particulière, en rupture conceptions classiques : la beauté pittoresque. Il se démarquait ainsi d’un certain rationalisme conquérant, dont le jardin à la française, obsédé d’ordre géométrique, avait été l’expression achevée. » […].

Quoi de plus rafraîchissant qu’un homme du XVIIIème siècle qui s’élève contre le profit et l’utilité économique des forêts, lui qui a assisté aux ravages (et oui, déjà) causés aux forêts anglaises par ces funestes lois du commerce. Certes, certains de ses contemporains – et même bien après lui – ont pu moquer cette recherche incessante du pittoresque, mais lu par Thoreau lui-même, cet ouvrage influença considérablement le courant Romantique Américain.

Gilpin défend le pin sylvestre, souligne la beauté du hêtre, reste admiratif devant un chêne (et en n’importe quelle saison), met en garde contre les trop nombreux ornements qui parsèment les grands parcs et jardins. Il aime un arbre dont les racines sortent un peu du sol, il se soucie des détails, s’extasie devant l’impression générale, constate avec regret les changements opérés dans les paysages forestiers.

Ce qui m’a fascinée chez cet auteur, c’est son affection pour tout ce qui est irrégulier, imparfait aux yeux des hommes : des branches tordues, un tronc rugueux, car comme il le souligne « toutes les formes non naturelles sont déplaisantes » ! Avis aux amateurs de silhouettes géométriques…

Je n’oserai pas le qualifier d’écologiste avant l’heure, mais ses textes sont loin d’être démodés et devraient bien être lus par les propriétaires privés de forêt chez nous.

Une bien belle découverte (et une bien belle traduction) que je recommande chaudement.

Tandis que la forêt méprise la culture par l’homme. Seule la nature pose sur elle sa main. La forêt, comme tout autre beau paysage, plaît à l’oeil ; mais son grand effet est de soulever l’imagination.

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La haine de l’arbre… d’Alain Baraton

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Je connaissais Alain Baraton de nom, parce qu’il est jardinier en chef du domaine  de Trianon à Versailles. Je n’ai jamais, en revanche, écouté une de ses émissions sur France Inter, mais je vais réparer cet oubli dès que possible.

Alain Baraton a une passion pour les arbres. Depuis qu’il anime cette chronique à la radio, des tas de gens l’appellent pour lui signaler des abattages d’arbres, des destructions programmées, et autres outrages que les arbres subissent, particulièrement en ville. Nous voyons tous, sans nous en préoccuper davantage, des arbres prisonniers de long des avenues et des boulevards, aux branches tronquées, poussant au sein d’un petit cercle de fer servant la plupart du temps d’urinoir pour les chiens en promenade. Nous avons tous entendu au moins une fois l’histoire d’un arbre sacrifié parce qu’il faisait de l’ombre à une église, une nouvelle résidence, un parking…

Il y a une quinzaine de jours, je reçois un appel à pétition pour sauver le gingko biloba âgé d’une centaine d’années, planté près de la cathédrale du Mans. Comble de l’ironie, la mairie veut le faire abattre pour installer… un jardin !!

J’ai beaucoup apprécié non seulement l’humour d’Alain Baraton mais aussi la pertinence de ses propos. Pour lui, l’arbre n’est pas qu’un « morceau de bois inerte » qu’on peut abattre et remplacer dans n’importe quelle circonstance. Bien souvent, ce sont les élus locaux qui prennent la décision d’abattre, et comme ils savent bien, dans la grosse majorité des cas, que les habitants sont attachés aux arbres, ils avancent souvent l’argument imparable : ils sont malades, donc ils sont dangereux pour la population. Je l’ai moi-même expérimenté dans ma zone rurale. A Moulins sur Allier, des platanes bordant une départementale ont été ciblés, à Cusset, la municipalité fait enlever 44 arbres, soi-disant malades, bref la liste est longue. L’élagage sévère est également un problème d’importance, et bien souvent, les arbres mutilés peinent à s’en remettre.

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La vérité, c’est que plus personne n’éprouve de respect pour un arbre. Au mieux, il fait office de décor dans un jardin ou dans une rue, au pire, il embarrasse et gêne car il abrite des oiseaux qui ont l’audace de déféquer sur les voitures, il perd ses feuilles et risque de faire tomber des passants, ou il la bouche la vue imprenable sur le supermarché du coin.

Mon propos n’est pas de dire qu’il faut garder tous les arbres, souligne Alain Baraton. Mais je souhaiterais que les arbres historiques soient mieux considérés et qu’on arrête de me dire qu’il y a d’autres priorités ! Je rêve par exemple qu’il n’existe qu’un seul collège d’experts indépendants qui puisse décider du devenir d’un végétal.»

C’est pourtant tellement beau un arbre ! Pourquoi serait-il plus juste de conserver une église qu’un chêne deux fois centenaire ? Pour Alain Baraton, et je le rejoins dans ce constat, cette indifférence des gens provient essentiellement d’une méconnaissance complète du monde végétal. Combien d’entre nous savent vraiment comment pousse un arbre ? Quel est son mécanisme biologique ? Son rôle dans l’environnement, sa contribution à une meilleure qualité de vie ? Ne devrait-on pas enseigner cela dès l’école primaire ?

Je reparlerai ici des ouvrages de Francis Hallé sur les arbres, mais je vous conseille aussi les supers carnets scientifiques de la fédération CPN, notamment le numéro consacré A la découverte de l’arbre. Ludique et passionnant !

Enfin, pour terminer, sachez que cette haine de l’arbre n’est pas une fatalité car parfois, des citoyens, des collectifs ou des assos parviennent à faire stopper un projet néfaste aux arbres. N’oubliez pas que l’union fait la force.

Source : site de l'association Arbres http://www.arbres.org/

Source : site de l’association Arbres
http://www.arbres.org/

 

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Mythologie des arbres (Jacques Brosse)

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Jacques Brosse, décédé en 2008, était à la fois un historien, naturaliste et ethnologue, essentiellement fasciné par les arbres. Cet ouvrage est réellement passionnant et m’a permis d’en savoir beaucoup plus sur le statut privilégié de certains arbres, de leur place dans notre culture et notre imaginaire. On y retrouve des épisodes parfois oubliés de la vie des dieux de l’Olympe, et quantité de belles histoires qui témoignent de la richesse et de la diversité des mythes accolés aux arbres.

L’auteur balaie diverses époques et plusieurs civilisations : Grecs, Germains, Romains, Gaulois, peuples nordique… évoquant aussi bien le destin d’Odin, pendu à un arbre, que l’histoire de Merlin et Viviane, une grande partie de la mythologie grecque et bien d’autres sources. J’ai retrouvé quelques lignes sur la Mesnie Hellequin, la fameuse Armée furieuse de Fred Vargas, et surtout des passages relatifs à des bois sacrés qui m’ont immanquablement rappelée les Ents de Tolkien.

Il est facile de comprendre l’intérêt suscité par les arbres, avant et même au-delà de l’ère chrétienne. L’utilisation des bois et écorces, la cueillette des fruits, les propriétés de certaines parties (feuilles, bourgeons) qui entraient dans la fabrication de remèdes, autant de bénéfices apportés aux hommes qui, en signe de gratitude, octroyaient une place de choix à l’arbre. C’était le temps des célébrations et des cultes, des forêts peuplées de dieux et de nymphes, tout ceci participant d’une réelle communion avec la nature, même dans ce qu’elle avait de plus primitif car nombre de cultes ne se déroulaient pas sans sacrifices et certains bois sacrés inspiraient une terreur bien compréhensible à un peuple ennemi.

« Au sacrifice des arbres qui donnaient aux hommes tout d’eux-mêmes, devait nécessairement correspondre l’immolation de la victime humaine ».

Et puis ce paganisme parfois joyeux, parfois sanglant, dû laisser la place à une religion monothéiste qui tel un rouleau compresseur, écrasa toute manifestation de respect envers la nature et les arbres. Cet anthopocentrisme forcené nous a séparé non seulement des végétaux mais aussi de toutes les autres créatures non humaines. Dans sa brève mais poignante conclusion, Jacques Brosse, faisant référence à Claude Levi-Strauss, s’en désole et nous met en garde. « Parce qu’il l’a perdue (la nature), l’homme aujourd’hui la détruit et par là se condamne ».

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Forêts sauvages (Robert Hainard)

Attention, grand livre ! Grand par la qualité de la prose et le contenu. Robert Hainard était un touche à tout de génie, qui a passé l’essentiel de son temps à parcourir les forêts d’Europe. Peintre, graveur, sculpteur, écrivain, naturaliste… il écrivit de nombreux textes dont certains sont rassemblés dans cette anthologie proposée par son fils. Il restitue aussi bien ses observations de terrain que ses considérations sur la façon dont notre civilisation traite la nature.

On ne sait plus aujourd’hui ce qu’est une forêt sauvage, ou bien on croit le savoir. Dans notre pays qui compte 16 millions d’hectares de forêts, on se pense privilégié. Mais curieusement, la forêt française, morcelée, abrite un nombre d’espèces animales, celles inféodées à ce milieu, plutôt restreint. En témoigne l’état des populations du grand tétras ou du pique-brune pour ne citer que ceux-là.

Pourquoi ? Parce que le propriétaire forestier confond la forêt et un jardin : rentabilité économique, allées, sous-bois « nettoyé », coupes, éclaircies… Quand je disais qu’il fallait lire William Gilpin !

Avec Robert Hainard, nous découvrons ce qu’est réellement la forêt sauvage : un lieu propice à l’imagination, un écosystème libre où l’entretien n’est pas nécessaire (vive le bois mort et les sous-bois embroussaillés…). Les hommes ont du mal à accepter l’idée que la forêt se passe aisément de nos interventions. Elle n’a pas besoin d’être gérée, redessinée, encadrée, améliorée.

En toutes saisons, nous suivons Robert Hainard au hasard de ses pérégrinations, pleines de descriptions poétiques, nous attendons, comme lui, le coeur battant, la rencontre inespérée d’un ours ou d’un loup, nous croisons le cerf ou le sanglier. C’est un livre qui sent la pluie, l’humus et la brume, un livre précieux pour nourrir ses propres réflexions (ou préparer ses affûts !).

Un beau coup de coeur !

« Je me retourne, mi-conscient, le sommeil léger d’une longue nuit d’hiver.
Mais la seule bête que j’aie vue, c’est un bouvreuil replet, ventre merveilleusement rose, cape noire, buvant de son bec épais au miroitement d’une source minuscule qu’une barre de roche, au fond du ravin, fait affleurer parmi les feuilles brunes. »

Puisque notre civilisation doit inéluctablement se dévorer elle-même après avoir tout dévoré, pourquoi ne pas prévoir, imaginer un peu ? Pourquoi ne pas y penser, pendant qu’il reste quelque chose à sauver ? Car, sauver dans cinquante ans la dernière violette sous le dernier buisson, ou garder maintenant l’ours et le bison dans la forêt vierge, c’est au même prix ; une révolution profonde ; seule la date change.

 

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